La restauration de la façade de l'ancien Hôtel Baudy de Giverny en 1990 par Christian Jeanney
Texte et illustrations C. Jeanney
La restauration de la façade ;
En 1988 ,la façade de l'hôtel Baudy était particulièrement délabrée . Seule la partie construite en brique était encore en état
pour le reste , balcons et crépis tombaient en ruine .
Avant de commencer la reconstruction de cette dernière , il fallu retrouver les documents qui permettaient de refaire celle-ci à l'identique .
La famille Perdrix-Baudy conservait de nombreuses photographies de l'hôtel Baudy (certaines figurent sur ce blog l'hôtel Baudy à Giverny ). Autant dire que cette mine d'information me fut essentielle.
Mes relevés ,sur les lieux , apportèrent également de nombreux éléments .Enfin , les anciens de Giverny dont certains, comme la famille Susay qui avaient connu l'établissement du temps d'Angélina Baudy , apportèrent leur contribution à mes recherches .
La célébrité passée de l'établissement avait également laissé de nombreuses prises photographiques notamment des cartes postales .
Ainsi , documents , relevés et témoignages mis bout à bout permirent de retrouver le tracé complexe ,
au millimètre prés , des motifs du crépis .Ces derniers sont formés de cadres qui s'alternent en différents
panneaux de mortier coloré , lissé et fouetté au balais de bouleau .
façade en 1988
La première partie ( ci-dessous a gauche sur la photo ) dut être rebâtie
le bacon au 2 étage donnant sur la rue (vue interieure 1989)
balcon en 1989
c'est l'entreprise de maçonnerie Kapustick de Vernonnet , qui fut chargée des travaux .
Cet artisan suivit le plan détaillé des relevés que j'avais fait , et je dois dire rétrospectivement ,que mr Kapustick
a eu beaucoup de patience face à mes exigences et qu'il s'est acquitté de sa tâche au delà de mes espérances .
(et il était particulièrement fier du résultat)
Après avoir entièrement mis à nu la construction ,c'est en grand professionnel qu'il s'est attelé à recomposer
l'ensemble des éléments décoratifs , poussant jusqu'à fouetter au balais de branche de bouleau , les panneaux
centraux.
La façade originale faite de mortier à base de chaux coloré dans la masse permit la détermination des couleurs
utilisées en 1890 .Il fallu néanmoins corriger ces dernières en fonction du résultat à venir .
Le temps avait fané l'épiderme du crépis ,tandis que les couches profondes révélaient un rouge profond et un jaune
de sienne . Ainsi, les couleurs des couches superficielles altérées s'étaient patinées d'un beau rose fané et d'un
jaune pâle plein de douceur . Ce sont ces dernières nuances , usées , tempérées par les ans , que je préférai retenir .
ci-dessous , mr Kapusti, Philippe Jouvin et moi-même aux finitions
Enfin ci-dessous, l'échafaudage enlevé , la façade de l'hôtel Baudy pimpante semblait éclairer la rue .
Aux crépis colorés vinrent s'ajouter les balcons, dont la couleur verte fut retrouvée sur
les anciens malgré leur état. C'est un artisan de Douin , qui s'assura de leur remplacement , là encore
selon les scrupuleux relevés que j'avais effectué sur les anciens .
Différents aménagements annexes , tels que trottoirs en pierres et briques ,pavage d' entrée et restauration du
grand portail en fer forgé ,réfection où remplacement des fenêtres , vitrerie , jardinières de bois pour étages( faites maison ) ,rideaux de dentelle de la société Cazez Quenesson de Villers-Outréaux , vinrent parfaire les finitions .
Etat final avec la petite boutique à gauche et la végétation arrivée à maturité (1993).
Un échantillon de dentelle de la société Cazez Quenesson de Villers-Outréaux .
sans oublier de mentionner le glorieux passé
Ce sont des rosiers-oeillets pink et white Grootendorts aux couleurs harmonisés à la façade ,qui furent
sélectionnés . Ces hybrides de rugosa sont remontant et particulièrement résistant à la sécheresse
inévitable au pied des murs et en bord de rue .
Et pour respecter la tradition du lieu , trois où quatre drapeaux français et américains vinrent animer la
façade ,que le peintre et ami James Lyles s'empressa de peindre ,croquant au passage la carriole de
Mr Durand , le voisin , mise là le temps de l'ouverture au printemps 1992.
carte postale , illustration James Lyles 1992
Aujourd'hui, la façade , patinée par le temps et envahie de vigne, s'est totalement intégrée au
parcours touristique de Giverny donnant l'illusion que l'ancien hôtel Baudy est resté tel qu'il était en
1900 Bien peu de personnes soupçonnent , les efforts considérables qui furent nécessaires pour
réaliser cette illusion .
l'hôtel Baudy de nos jours (2009)